Les oreilles et la plongée
ÉVITEZ LES LÉSIONS AUX OREILLES ET AUX SINUS

Pendant la descente, lorsque la pression augmente, les plongeurs doivent équilibrer la pression de l’air contenu dans les cavités des sinus (via l’ostium, un passage qui relie les voies nasales aux sinus) et de l’oreille moyenne (via les trompes d’Eustache) avec la pression de l’eau environnante. Des tissus gonflés ou endommagés peuvent restreindre le passage d’air à travers les conduits qui permettent l’équilibrage. Si la pression à l’intérieur des cavités aériennes ne peut être équilibrée, le plongeur risque de ressentir une gêne et de la douleur. Pendant la remontée, si le gaz en expansion dans les cavités aériennes ne peut s’échapper (situation que les Anglo-saxons appellent "reverse block"), la douleur et la gêne augmentent.

Les incidents les plus couramment signalés à DAN sont les lésions liées à la pression (barotraumatismes) aux oreilles et aux sinus. Heureusement, ceux-ci sont faciles à éviter avec un peu de bon sens et en étant correctement informé. La campagne relative aux oreilles et à la sécurité de la plongée est principalement axée sur la sensibilisation des plongeurs. Un séminaire en ligne intitulé "Les oreilles et la plongée" est disponible sur le site Web de DAN Europe. Il est accessible gratuitement pour les membres DAN et moyennant un petit prix pour les non-membres.

LES BAROTRAUMATISMES DES OREILLES ET DES SINUS
Le barotraumatisme de l’oreille moyenne est l’accident de plongée le plus fréquent. Il peut survenir suite à l’utilisation d’une mauvaise technique d’équilibrage ou en plongeant avec un rhume. L’oreille moyenne est un espace mort relié à la partie supérieure de la gorge par les trompes d’Eustache, des conduits fins et généralement fermés. Lors de l’utilisation d’une technique d’équilibrage, les trompes d’Eustache s’ouvrent et permettent à l’air de la gorge, soumis à une pression plus élevée, d’entrer dans les oreilles moyennes afin d’équilibrer l’espace mort. Les trompes peuvent toutefois se retrouver obstruées par du mucus en raison d’un rhume, rendant impossible l’équilibrage de l’oreille moyenne. Pendant la descente, la pression environnante augmente et devient supérieure à la pression à l’intérieur de l’oreille moyenne. Si celle-ci n’est pas équilibrée, le plongeur ressent une gêne et une douleur dans l’oreille, pouvant aller jusqu’à une rupture du tympan.
Un barotraumatisme des sinus peut également survenir, même s’il est plus rare. Les sinus sont des cavités aériennes creusées dans l’os qui entoure les fosses nasales. Chaque sinus est relié au nez par un fin passage (l’ostium sinusien) qui permet aux sinus d’être ouverts à l’atmosphère en permanence. Lorsque ces passages s’obstruent (en raison d’une congestion causée par une allergie, la fumée de cigarette, une infection, l’utilisation excessive de décongestionnants topiques, une inflammation nasale ou sinusale, des polypes ou un bouchon de mucus), il devient impossible d’équilibrer les sinus. Des douleurs apparaissent alors au-dessus de l’œil, au niveau des pommettes ou des dents supérieures et/ou à l’intérieur du crâne, en fonction du sinus affecté. De légers saignements du nez peuvent se produire pendant ou après la remontée en raison de l’afflux sanguin vers les sinus en réaction aux différences de pression subies pendant la plongée
Pendant la remontée, l’air contenu dans l’oreille moyenne se dilate à mesure que la pression diminue. Si les trompes d’Eustache se bouchent, cet air reste coincé dans l’oreille moyenne et peut provoquer des vertiges en raison de la pression exercée sur l’organe de l’équilibre depuis l’oreille moyenne. Si l’air continue à se dilater dans l’oreille bouchée, il peut provoquer une douleur intense et des dommages au niveau du tympan. Un barotraumatisme à la remontée est généralement dû à l’utilisation de décongestionnants dont l’effet se dissipe en profondeur, à une mauvaise technique d’équilibrage, ou encore au fait de plonger avec un rhume. Un phénomène similaire peut se produire avec les sinus si l’ostium sinusien se bouche alors que le plongeur se trouve en profondeur. Cette situation s’accompagne de douleurs au niveau du sinus affecté, avec ou sans saignement du nez, et peut entraîner une rupture du sinus dans les cas les plus sévères.
En cas de pression trop forte dans l’oreille moyenne (suite à un défaut d’équilibrage ou à une utilisation incorrecte de la manœuvre de Valsalva), l’oreille interne peut subir des dommages permanents (affectant les organes de l’audition et de l’équilibre). Un barotraumatisme de l’oreille interne peut s’accompagner d’une perte auditive, d’acouphènes et de vertiges.
Un barotraumatisme de l’oreille externe se produit lorsque les conduits auditifs se bouchent et que de l’air reste attrapé entre le bouchon et le tympan. Un excès de pression ou un vide se crée alors dans la cavité aérienne à mesure que le plongeur change de profondeur. Un bouchon peut se former en raison d’un excès de cérumen dans les oreilles, de l’utilisation de boules Quiès non poreuses ou du port d’une cagoule trop serrante. Une augmentation de la pression dans l’oreille externe peut entraîner un afflux de liquides et de sang dans les tissus environnants ou une rupture du tympan. Le plongeur ressent une douleur et une gêne dans l’oreille. En cas de rupture du tympan, l’eau froide qui pénètre dans l’oreille moyenne peut provoquer des vertiges.
Lors d’immersions fréquentes, l’eau fait gonfler les cellules qui tapissent le conduit auditif externe. Après un certain temps, ces cellules peuvent se séparer et laisser pénétrer les bactéries qui se trouvent habituellement à la surface du conduit auditif. Sous la peau, ces bactéries se trouvent dans un environnement chaud et humide, propice à leur développement et à leur multiplication. Avant même que le plongeur s’en rendre compte, son oreille moyenne lui démange, devient douloureuse et s’enflamme. En l’absence d’un traitement approprié, le gonflement peut s’étendre aux nœuds lymphatiques avoisinants et causer une douleur telle que le simple fait de remuer la mâchoire provoque une gêne. À ce stade, la prise d’antibiotiques est inévitable, et toute activité de plongée est exclue. Dans certains cas, une décharge venant de l’oreille externe pourra également être ressentie. La présence de douleur lors du tiraillement du pavillon de l’oreille permet de distinguer un problème d’oreille externe d’une infection de l’oreille moyenne, cette dernière étant indolore.
Symptômes et médicaments
Symptômes du barotraumatisme de l’oreille et des sinus
  • Présence d’une légère gêne pouvant aller jusqu’à une douleur intense au niveau des sinus ou de l’oreille affectés
  • Acouphènes ou bourdonnements dans l’oreille
  • Sons étouffés, perte partielle ou complète de l’audition
  • Nausées, vomissements, vertiges (en particulier après avoir ressenti une douleur à l’oreille)
  • Saignement du nez ou expectorations sanguinolentes (même en l’absence d’autres symptômes)
  • Douleur au-dessus de l'œil, au niveau des pommettes ou des dents supérieures et/ou à l’intérieur du crâne

Tout plongeur présentant ces symptômes doit envisager de terminer sa journée, voire sa semaine de plongée, au risque de subir une lésion grave.

Traitement et médicaments
Si des symptômes apparaissent pendant ou après une plongée, il convient de consulter un médecin (de préférence un ORL) afin de vérifier l’étendue des dommages. Le problème peut avoir une cause médicale qu’il est possible de traiter. Le médecin sera à même de déterminer le traitement le plus approprié. S’il prescrit des médicaments, lui demander si ceux-ci peuvent présenter un risque en plongée. Un traitement approprié pris sous la supervision d’un médecin peut réduire le temps de rémission des symptômes de barotraumatisme et permettre une reprise plus rapide de la plongée.
Prévention
Comment prévenir le barotraumatisme des oreilles et des sinus?
  • Équilibrer les oreilles avant d’entrer dans l’eau ou d’entamer la descente et s’assurer d’entendre un « pop » ou un « clic » dans les deux oreilles, indiquant que les trompes d’Eustache sont ouvertes.
  • Descendre lentement et se positionner les pieds vers le bas, nuque tendue (tête vers le haut) lors de l’équilibrage afin de faciliter l’ouverture des trompes d’Eustache.
  • Équilibrer les oreilles de façon précoce et régulière (tous les 0,3 à 0,5 m, en particulier au début de la plongée) jusqu’à l’atteinte de la zone la plus profonde. Une gêne peut indiquer une trop longue attente avant l’équilibrage.
  • En cas d’incapacité à équilibrer ou de douleur/gêne durant la descente, remonter légèrement jusqu’à ce que la gêne disparaisse et réessayer d’équilibrer. Ne pas forcer l’équilibrage et éviter de descendre avant que les oreilles et les sinus ne soient correctement équilibrés.
  • Ne pas plonger en étant enrhumé ou en ayant le nez bouché.
  • Ne pas utiliser de boules Quiès non poreuses ou de cagoule trop serrante, car cela empêche l’eau et l’air d’entrer dans l’oreille externe.
  • En cas de douleur et de gêne durant la remontée, s’arrêter ou redescendre un peu (ou pencher l’oreille affectée vers le bas) et utiliser l’une des techniques d’équilibrage pour ouvrir les trompes d’Eustache, puis remonter aussi lentement que possible. S’il n’est toujours pas possible d’équilibrer, il faudra endurer la douleur jusqu’au retour à la surface.

En cas d’incapacité à équilibrer pendant une plongée, il faut éviter d’effectuer d’autres plongées jusqu’à la résolution du problème. Les difficultés à équilibrer peuvent indiquer un problème préexistant, telles qu’une infection ou une allergie. Ce type de problème provoque une rétention de liquides et un gonflement au niveau de la muqueuse, entraînant un rétrécissement des conduits menant aux sinus et des trompes d’Eustache. L’équilibrage devient alors difficile, voire impossible. Certains plongeurs utilisent des aérosols nasaux ou des médicaments oraux pour dégonfler temporairement les muqueuses et faciliter l’équilibrage des sinus et de l’oreille moyenne. Il existe toutefois un risque que l’effet de ces médicaments s’estompe lorsque le plongeur se trouve en profondeur, ce qui peut entraîner des complications à la remontée.

TECHNIQUES D’ÉQUILIBRAGE

Si les problèmes aux oreilles peuvent provenir d’un rhume, ils peuvent également être dus à une mauvaise utilisation des techniques d’équilibrage.
Il est important pour chaque plongeur de connaître et de pratiquer les différentes manœuvres d’équilibrage afin de trouver celle qui fonctionne le mieux pour lui ou elle.

Valsalva
Pincer le nez et expirer, glotte fermée.
Toynbee

Avaler en pinçant le nez, bouche fermée (bonne technique pour la remontée).

Frenzel
Valsalva avec les muscles de la gorge contractés et la glotte fermée.
Lowry
Valsalva plus Toynbee – nez pincé, essayer d’expirer doucement par le nez tout en avalant.
Edmonds
Projeter le menton en avant tout en effectuant la manœuvre de Valsalva/Frenzel.
Autre technique
Avaler tout en faisant bouger les mâchoires (bonne technique pour la remontée).

L’équilibrage devient plus difficile à mesure que le gradient de pression entre l’oreille moyenne et l’environnement augmente. Des équilibrages fréquents et réalisés avec délicatesse sont plus efficaces et moins susceptibles de provoquer des dommages qu’un équilibrage forcé, en particulier après l’apparition de douleur. De nombreux plongeurs utilisent une combinaison de techniques. Étant donné que le conduit menant aux sinus est normalement ouvert, l’équilibrage des sinus ne requiert aucune manœuvre en particulier.

Raisons possibles d’une difficulté à équilibrer
Rhume récent ou nez bouché

 

Antécédents d’infections de l’oreille ou une seule infection grave
Antécédents de déviation de la cloison nasale ou de nez cassé, empêchant l’équilibrage de l’oreille ou des sinus d’un côté aussi rapidement que l’autre

 

Allergies pouvant provoquer le gonflement des muqueuses ou l’apparition de polypes nasaux susceptibles de boucher partiellement ou complètement un ostium (passage aérien) sinusien.

 

En cas d’antécédents médicaux, il est parfois nécessaire de consulter un ORL ou un allergologue avant de plonger.